Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/103

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glace est dure et compacte, plus elle est susceptible de se fendre dans tous les sens. L’on conçoit que la masse de glace d’un glacier, en passant par dessus les inégalités du fond, dans des endroits très-escarpés, devra occasionner des aiguilles d’autant plus nombreuses et plus variées, qu’elle aura déjà été plus fracturée auparavant. Si au contraire la masse du glacier est peu compacte, elle pourra bien donner lieu à des crevasses plus ou moins béantes ; mais elle ne sera pas susceptible d’occasionner des accidens bien hardis. On le voit, la même raison qui fait que les crevasses sont rares dans les hautes régions, est aussi la cause que l’on n’y rencontre point d’aiguilles.

Mais les tranches transversales du glacier ne se transforment pas immédiatement en pyramides. Il faut pour cela que des mouvemens latéraux inégaux viennent encore les diviser dans différens sens, de manière à déterminer des masses prismatiques irrégulières, qui s’atténuent vers le haut par l’effet de la fonte et de l’évaporation. Cet effet ne se produit pas seulement sur les glaciers. Les grands blocs de glace qui se détachent du glacier d’Aletsch et nagent à la surface du lac de Moeril se fondent également en pyramides dont les parois conservent, comme celles des aiguilles du glacier, leur teinte azurée. (Voyez Pl. 12).

Les traces de stratification[1] que l’on observe

  1. M. Godeffroy a eu la malheureuse idée d’envisager les traces