Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/123

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elle fait l’effet d’un large mur noir séparant deux routes blanches.

Lorsque par l’effet de la rencontre de deux glaciers les moraines latérales se confondent pour former une moraine médiane, l’on remarque ordinairement, au point de confluence, une dépression plus ou moins profonde, qui est la conséquence nécessaire de leur forme primitive. En effet, toute moraine latérale présente à son bord extérieur un talus plus ou moins incliné vers les parois qui l’encaissent ; or, du moment que deux glaciers viennent à confluer dans un même lit, c’est par leurs moraines latérales qu’ils se touchent d’abord, et comme le talus est anticlinal, ou incliné en sens opposé, comme les deux jambages d’un V, il doit nécessairement en résulter une dépression médiane. Mais cette dépression disparaît bientôt, et souvent même, lorsqu’il s’agit de puissantes moraines, se transforme en une arête très-saillante, comme c’est le cas de la grande moraine médiane du glacier inférieur de l’Aar (Pl. 14) et de la moraine des glaciers réunis du Breithorn et du Lyskamm, dans le grand glacier de Zermatt (Pl. 2).

L’explication de ce singulier phénomène n’est pas bien difficile ; elle est tout entière dans les propriétés physiques des blocs comme conducteurs de la chaleur, comparées à celles de la glace elle-même ; ici encore, il faut distinguer entre les fragmens d’un certain volume et les graviers : les premiers, comme l’a