Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/219

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vu, sur le glacier inférieur de l’Aar, des ruisseaux de 2 pieds de large sur 8 à 10 pouces de profondeur, tarir complètement, le soir, par une température de −1,5° et −2°, et reprendre leur cours rapide le lendemain par quelques degrés seulement au-dessus de zéro. J’ai vu également, par des jours de pluie chaude, à +5°, la surface du glacier tellement égalisée, que l’on y distinguait partout la glace formée dans les fissures, de celle de la masse. Les remplissages formaient des espèces de filons tantôt parallèles, tantôt coupés sous divers angles, d’une glace plus bleue et plus compacte que celle du reste de la masse. Plusieurs de ces filons avaient d’un à trois pouces de large, et même davantage, sur une longueur souvent très-considérable. Il était évident que c’étaient des crevasses remplies de glace fraîche. J’ai vu des creux et des baignoires de différente grandeur remplis de la même manière. Je me suis enfin convaincu que, dans certaines circonstances, la neige fraîche qui remplit certaines crevasses ou certains creux, se transforme en glace lorsqu’elle est imbibée d’eau ; cette glace ressemble tellement à la glace ordinaire des glaciers qu’on la distinguerait difficilement, si on ne la reconnaissait à la délimitation de ses bords. Dans cet état, le glacier prend l’apparence d’une roche fissurée d’un blanc mat, traversée, dans tous les sens, de nombreuses veines de teintes variées plus foncées. Ce fait est très-important, parce qu’il démontre jusqu’à l’évidence que