Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/258

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Les blocs perchés, que l’on trouve dans les vallées alpines, à des distances considérables des glaciers, occupent parfois des positions si extraordinaires qu’ils piquent à un haut degré la curiosité de tous ceux qui les observent. En effet, lorsqu’on voit un bloc de forme anguleuse perché sur le sommet d’une pyramide isolée, ou accolé en quelque sorte à une paroi très-raide, la première idée qui se présente à l’esprit, c’est de s’enquérir quand et comment ces blocs ont été déposés en pareils lieux, d’où le moindre choc semblerait devoir les renverser. Mais ce phénomène n’a plus rien d’étonnant, lorsqu’on sait qu’il se reproduit également dans les limites des glaciers actuels, et que l’on se rappelle par quelles circonstances il y est occasionné. Et comme ces blocs sont ordinairement accompagnés de surfaces polies, ils nous fournissent une autre preuve que les localités dans lesquelles on les trouve ont jadis été occupées par les glaces. Les exemples les plus curieux de blocs perchés que l’on puisse citer, sont ceux qui dominent, au nord, la cascade de Pissevache, près de Chaux-Fleurie, et au-dessus des bains de Lavey ; ceux que l’on rencontre en montant des bains de Lavey au village de Morcles, et ceux, plus rares, que j’ai vus dans les vallées de Saint-Nicolas et d’Oberhasli. Au Kirchet, près de Meiringen, on voit des couronnes très-remarquables de blocs, autour de plusieurs dômes de rochers, qui paraissent avoir fait saillie au-dessus de la surface du glacier qui les entourait. Quelque chose de