Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/267

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Saussure[1]. « On voit, dit-il, à la surface de ces rochers, des cavités arrondies de plusieurs pieds de diamètre et de deux ou trois pieds de profondeur. » Et il ajoute que « comme leurs ouvertures se trouvent placées sur la face verticale de rochers escarpés, on ne peut pas supposer qu’elles ont été formées par la chute des eaux de montagne. » Ne trouvant point d’explication plausible, l’illustre voyageur des Alpes se contente de dire qu’elles paraissent « avoir été creusées par des filets du courant, qui se jetaient directement et avec impétuosité contre les parties les plus saillantes et les plus exposées ». Il est impossible de ne pas sentir tout ce qu’il y a d’invraisemblable dans cette explication ; car, même en supposant que des filets d’eau fussent capables d’user et de faire disparaître, avec le temps, les aspérités du sol qui leur font obstacle, on ne conçoit pas pourquoi ils auraient creusé des excavations aux mêmes endroits. Ce sont évidemment des traces d’anciennes cascades.

Mais ces creux ne se rencontrent pas exclusivement sur les endroits en relief ; on en trouve sur des surfaces planes, dans des dépressions, et même dans les lits des rivières et des torrens. On voit, entre autres, sous le premier pont de l’Aar, qui est au-dessus de la Handeck, une grande cuve, à-peu-près circulaire, de 5 à 6 pieds de diamètre, qui se trouve dans

  1. Voyages, Tom. I, p. 139, § 222.