Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lits de ruisseaux que nous ayons déjà mentionnés plus haut comme l’un des plus beaux phénomènes des glaciers. Au grand glacier de Zermatt, ces ruisseaux, dont quelques-uns sont très-considérables, coulent généralement dans un lit qu’on dirait taillé dans un massif de béryl, tandis que le fond des crevasses voisines est souvent d’un beau bleu de ciel. Peut-être l’eau de ces ruisseaux exerce-t-elle ici quelque influence qui aura échappé à l’observation.

Quoi qu’il en soit de cette différence, toujours est-il que, pour être affectée d’une teinte quelconque, soit bleue, soit verdâtre, il faut que la glace ait atteint une certaine compacité : c’est là la raison pour laquelle le névé proprement dit, lorsqu’il est à l’état parfaitement grenu, ne présente aucune de ces teintes ; il est blanc comme de la neige. D’un autre côté le glacier prend une teinte généralement plus bleue lorsqu’il pleut que lorsque le temps est serein et l’évaporation très-forte, attendu qu’alors les couches même les plus superficielles se convertissent en glace par l’effet de l’eau qui s’infiltre dans le glacier. J’ai eu l’occasion de faire cette observation plusieurs fois pendant mon séjour sur le glacier inférieur de l’Aar.

Nous sommes encore dans une ignorance parfaite quant aux causes qui déterminent ces teintes variées. Je ne sache pas même que cette question ait jamais été discutée d’une manière scientifique. L’opinion plus ou moins poétique de quelques voyageurs pittoresques,