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apparence et leur montrait une attitude douce et bienveillante ; en même temps, il avait répandu des mollahs, des softas, des cheikhs et des gendarmes déguisés pour exciter la populace musulmane. Des sociétés secrètes se formaient, des armes étaient distribuées, et des ordres étaient donnés aux Turcs de surveiller de près les Arméniens. Partout on transformait les Medressés (écoles religieuses) en corps de garde où les Turcs allaient prendre des armes et des munitions.

Pendant cette période de préparation, les Turcs ont quelquefois fait éclater leur rage contenue et leur impatience de commencer le massacre : « Giavours, disaient-ils, vous allez voir, dans peu de jours nous allons vous massacrer tous ». À Marache, Cadir-Bek Zulcadir, qui est le vrai maître et gouverneur de cette province et dans les mains duquel le Mutessarif n’est qu’un pantin, avait plusieurs fois répété aux notables arméniens : « Ne nourrissez pas de vaines espérances, le Sultan ne vous accordera rien du tout ; et s’il voulait même exécuter les réformes, nous sommes toujours décidés à vous massacrer. »

Cependant, Zeïtoun étant considéré par les Turcs, comme une espèce de « petite Russie » dans l’empire