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HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

nal la Presse, avait trouvé très-peu d’écho dans le parti républicain proprement dit. La rédaction du National, dont l’esprit influa sensiblement sur la conduite des affaires pendant toute la durée du gouvernement provisoire, avait toujours affecté, jusque dans la question si impopulaire des fortifications de Paris, les allures les plus belliqueuses. Quant à l’opinion publique, bien que favorable à la paix, elle n’aurait pas vu sans déplaisir le licenciement d’une partie des troupes. Tout le monde réclamait des économies, mais personne n’osait se dire, tant la coutume l’emporte chez nous sur le besoin d’innover, que la seule modification considérable dans l’ensemble de notre économie sociale serait la réduction du chiffre affecté à l’armée. Une initiative aussi hardie ne pouvait s’attendre d’un pouvoir aussi peu d’accord avec lui-même que le gouvernement provisoire. Aussi ne fut-elle pas mise en délibération. M. Ledru-Rollin suivait, en cela comme en toute autre chose, la tradition révolutionnaire ; M. Louis Blanc s’absorbait dans sa tâche spéciale ; M. de Lamartine avait hâte d’accentuer par le son belliqueux du clairon et du tambour sur nos frontières le langage un peu vague de son manifeste.

Tout le souci du gouvernement fut donc de remettre aux mains d’un homme bien à lui le soin de constituer la force publique. Nous avons vu que l’embarras n’avait pas été médiocre de trouver sur-le-champ un ministre de la guerre républicain et de le faire agréer par les officiers supérieurs de l’armée. À peine le général Subervie était-il entré en fonctions, qu’il s’était vu en butte aux hostilités de la commission de défense. Cette commission, composée des officiers les plus distingués de chaque arme, des généraux Oudinot, Pelet, Pailhoux, Vaillant, Bedeau, Lamoricière, de l’intendant militaire Deniée, du chef de bataillon Charras, affecta d’abord de délibérer en l’absence du ministre et d’adresser directement ses rapports au conseil. Puis elle engagea l’attaque dans le National. On reprocha au général