Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 1.djvu/518

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
502
DOCUMENTS HISTORIQUES.

Les fonctions publiques ne sont pas des distinctions elles ne doivent pas être des priviléges : elles sont des devoirs.

Tous les citoyens ayant un droit égal de concourir à la nomination des mandataires du peuple et à la formation de la loi, il faut, pour que cette égalité de droit ne soit pas illusoire, que toute fonction publique soit rétribuée.

La loi est la volonté du peuple formulée par ses mandataires. Tous doivent à la loi obéissance, mais tous ont le droit de t’apprécier hautement, pour qu’on la change si elle est mauvaise.

La liberté de la presse doit être maintenue et consacrée comme garantie contre les erreurs possibles de la majorité et comme instrument des progrès de l’esprit humain.

L’éducation des citoyens doit être commune et gratuite. C’est à l’État qu’il appartient d’y pourvoir.

Tout citoyen doit passer par l’éducation de soldat. Nul ne peut se décharger, moyennant finances, du devoir de concourir à la défense de son pays.

C’est à l’État de prendre l’initiative des réformes industrielles propres à amener une organisation du travail qui élève les travailleurs de la condition de salariés à celle d’associés.

Il importe de substituer à la commandite du crédit individuel celle du crédit de l’État. L’État, jusqu’à ce que les prolétaires soient émancipés, doit se faire le banquier des pauvres.

Le travailleur a le même titre que le soldat à la reconnaissance de l’État. Au citoyen vigoureux et bien portant, l’État doit le travail ; au vieillard et à l’infirme, il doit aide et protection.


II

lettre de m. le prince de joinville à m. le duc de nemours, 1847

Notre situation n’est pas bonne. À l’intérieur, l’état de nos finances, après dix-sept ans de paix, n’est pas brillant. À l’extérieur, où nous aurions pu chercher quelques-unes de ces satisfactions d’amour-propre si chères à notre pays, et avec lesquelles on détourne son attention de maux plus sérieux, nous ne brillons pas non plus.

L’avènement de Palmerston, en éveillant les défiances passionnées du roi, nous a fait faire la campagne espagnole et nous a revêtus d’une déplorable réputation de mauvaise foi. Séparés de l’Angleterre au moment où les affaires d’Italie arrivaient, nous n’avons pas pu y prendre une part active, qui aurait séduit notre pays et été d’accord avec des principes que nous ne pouvons abandonner ; car c’est par eux que