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INTRODUCTION.

compris que le National les tendances nouvelles du peuple, et, quoique la tradition jacobine fût le fonds de sa politique, elle ne repoussait ni ne raillait, comme le faisait le journal de M. Marrast, les idées socialistes ; souvent même elle en admettait l’exposition dans ses colonnes. Par M. Louis Blanc, elle leur donnait un gage[1]. Aussi la Réforme devint-elle en peu de temps beaucoup plus populaire que le National, qui sentit avec dépit la direction du mouvement démocratique lui échapper. Il en résulta bientôt entre les deux journaux une polémique acrimonieuse et remplie de personnalités. La discorde les sépara en deux camps hostiles ; l’intérêt d’une même cause à soutenir fut moins puissant que les rivalités d’une ambition pareille[2]. Nous retrouverons ces rivalités acharnées dans le moment même de l’action et surtout au lendemain de la victoire.

Le parti légitimiste et le parti demeuré fidèle au nom de Bonaparte concouraient aussi, le premier par une polémique ouverte, l’autre par des menées, des complots, des intrigues, à miner le gouvernement.

Il faut ajouter à ce travail combiné des sectes, des écoles et des partis socialistes et radicaux, l’influence des forces isolées qui concouraient les unes à exalter,

    Lemasson, Louis Blanc, Pascal Duprat, Recurt, Schœlcher, Félix Avril et Vallier.

  1. M. Louis Blanc était, parvenu en ces derniers temps à faire signer au comité de la Réforme un programme tout à fait socialiste. (Voir le texte aux documents historiques, no l.)
  2. « Je crains moins la différence de vos opinions que la ressemblance de vos ambitions, » disait, à ce propos, Béranger à M. Marrast, au lendemain de la révolution de Février.