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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

s’échappe et court chez son fils, rue des Francs-Bourgeois, où deux heures après un commissaire de police vient l’arrêter. M. Pierre Leroux s’était également soustrait aux imprudentes ovations d’un groupe populaire. M. Laviron s’était rendu à la préfecture de police ; Quentin, au Luxembourg, où M. Arago le fit arrêter. M. Sobrier, qui s’était chargé d’aller au ministère de l’intérieur avec une poignée de factieux, pour y prendre les sceaux et faire jouer le télégraphe, fut reconnu, comme il en revenait, par le représentant Rondeau, dans le café d’Orsay, au moment où il y annonçait le triomphe de l’insurrection, et remis à la garde du colonel de Goyon.

Caussidière, sur qui Barbès comptait comme sur lui-même, restait enfermé à la préfecture de police et ne donnait pas signe de vie. Enfin, M. Ledru-Rollin, que son entourage compromettait malgré lui au 15 mai, comme il l’avait compromis au 16 avril, après s’être barricadé dans un bureau de la questure, où il se défendit longtemps contre les factieux qui l’avaient proclamé membre du nouveau gouvernement et qui voulaient l’emmener avec eux à l’Hôtel de Ville, s’était rangé de la manière que nous avons vu à la suite de M. de Lamartine.

Quant à Huber, comme il prenait tranquillement le chemin de sa demeure, des gardes nationaux l’avaient arrêté et conduit à la mairie du quatrième arrondissement, où, après quelques paroles échangées entre lui et le maire, il fut immédiatement relâché.

Ainsi, pour un motif ou pour un autre, par l’effet du hasard ou par suite d’une inspiration prudente, il arrive qu’aucun des hommes en qui Barbès a dû se fier ne partage son sort. Sur le perron de l’Hôtel de Ville, il est reçu par un secrétaire de M. Marrast, qui l’invite très-poliment à monter l’escalier de droite et lui indique une porte sur le palier du premier étage.

C’est là que, dans une salle pleine de cris et de tumulte, sur une table où l’on se bouscule, des orateurs inconnus,