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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

du fleuve, en face de l’île appelée la Cité, avec laquelle il communique par les deux ponts suspendus d’Arcole et de la Réforme et par le large pont en pierres appelé pont Notre-Dame, qui débouche sur la rue de la Cité, à l’extrémité de laquelle est le Petit-Pont, puis la rue du même nom, aboutissant à la rue Saint-Jacques qui monte par une pente rapide jusqu’au Panthéon. L’ile de la Cité, labyrinthe de rues tortueuses, de ruelles, d’impasses, de carrefours, de quais étroits, de vieilles maisons à sept et à huit étages, et qui se relie à l’île Saint-Louis par le pont de la Cité et le pont de la Réforme, est l’antique berceau de Paris.

On considère généralement que prendre la Cité, c’est s’emparer de l’Hôtel de Ville. Comme, d’ailleurs, c’est le lieu le plus favorable pour s’y cantonner, en raison de la hauteur des maisons et de la multiplicité des courbes que forment ses rues très-étroites, il n’est pas étonnant que, dès le matin, les insurgés aient songé à s’en rendre maîtres.

Cela s’est fait sans bruit et sans empêchement. Des hommes en blouse sont venus tranquillement, silencieusement prendre position à l’angle des rues. Toute la population et la garde nationale, en majeure partie, les secondent. Ils se sont fournis de poudre dans deux magasins ; ils ont mis des combattants dans la plupart des maisons ; ils ont construit des barricades au pont Saint-Michel et dans la rue Constantine, faisant face au Palais de Justice qu’occupe la garde mobile. À une heure de l’après-midi seulement on a fermé le Palais, et les magistrats, en en sortant, entendent les premiers coups de feu échangés entre les soldats de la ligne et le peuple.

Quand le général Bedeau arriva à l’Hôtel de Ville, il y trouva deux bataillons du 48e et du 52e régiment de ligne, plusieurs bataillons de la garde mobile et mille hommes environ de gardes républicains, venus sur l’ordre du maire de Paris pour protéger la Cité. Mais il apprit que deux bataillons de la ligne, destinés également à opérer sous ses ordres, étaient arrêtés par les barricades, l’un au pont