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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

questions abordées, questions dont l’ensemble devait plus tard, sous le nom de socialisme, occuper et épouvanter le monde. Quelque temps après, comme M. Louis Blanc s’était déjà fait un nom par ses travaux dans le National et dans la Revue du progrès, Godefroy Cavaignac, avec lequel il s’était lié intimement et qui subissait l’ascendant de ses idées socialistes de plus en plus systématisées, le fit entrer à la rédaction de la Réforme. Là, après la mort de Cavaignac, il prit à côté de M. Ledru-Rollin et des autres continuateurs de la politique jacobine, une place à part et une importance toute personnelle.

J’ai dit dans la première partie de cette histoire quelle a été la suite des travaux de M. Louis Blanc à partir de ses articles isolés jusqu’à la brochure de l’Organisation du travail. Ses doctrines, ou plutôt son système avait ses racines dans le saint-simonisme ; mais, laissant de côté les formules religieuses de l’école, il concentra toute son attention sur un seul point de la vie sociale et fit de l’atelier industriel le pivot du monde. L’État, considéré comme dépositaire de la richesse commune, l’État capitaliste distribuant à la société des travailleurs la tâche et la récompense, réglant la production et la consommation, anéantissant la concurrence et avec elle toutes les inégalités de la fortune, telle était l’utopie que le talent abondant de M. Louis Blanc reproduisit sous toutes ses faces pendant plus de dix années et que le prolétariat, rassemblé à sa voix sur les bancs des législateurs du passé, devait prendre pour base d’une législation renouvelée de fond en comble[1].

  1. Dans son Histoire de la Révolution de 1848, t. IV, p. 84, M. Garnier-Pagès accuse M. Louis Blanc d’avoir soutenu le système des associations forcées. M. Louis Blanc, dans une lettre que j’ai sous les yeux et dont je donnerai un extrait, proteste contre cette accusation ; il raconte autrement que M. Garnier-Pagès une discussion qui eut lieu dans une réunion chez M. Marie, avant la révolution, entre quelques députés et un certain nombre de journalistes, rédacteurs du National, de la Réforme et de l’Atelier. Selon M. Louis Blanc, M. Garnier-Pagès aurait commis une double erreur et la discussion n’au--