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DEUXIEME LIVRE[1]


STANCES.

I.

Tous ceulx qui ont gousté combien de mortz on treuve
Couvertes soubz les fleurs d’une longue amitié,
Ceulx qui en bien aimant ont bien seu faire preuve
De leurs cueurs & non pas d’un regard de pitié,
Ceux qui affriandoient comme moy leurs pensees
D’un poison ensucré, loyer de leur printemps,
Qu’ils lisent mes regretz & mes larmes vercees,
Et mes sanglotz perdus aux pertes de mon temps.
Mais ceulx là qui auront d’une rude sagesse
Resisté à l’amour, les sauvages espritz
Qui n’ont ploié le col au joug d’une maitresse,
Je leur deffends mes vers, mes rages & mes cris.

  1. Le manuscrit portant le titre de Primtems renferme : 1o  l'Hécatombe à Diane préparée par d'Aubigné pour l'impression ; 2o  des stances & des odes qui, d'après une table de la main de d'Aubigné, semblaient devoir composer un deuxième & un troisième livre ; 3o  un grand nombre de pièces de tous genres que nous avons placées à la suite. Quelques-unes, plus particulièrement satiriques, ont été reportées au tome IV, à la suite des Tragiques & des Épigrammes.