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L’ILLUSTRE MAURIN

Le griffon se mit debout, posa ses deux pattes sur les épaules du maître et lui lécha le visage.

L’homme prit dans son carnier une boîte, et dans cette boîte une lanière de viande séchée qu’il donna à son chien.

— Refais-toi ! dit-il. Si tu as eu peur autant que moi, pechère ! tu as besoin de te refaire.

Il prit la gourde d’aïguarden et but une lampée.

Là-haut, sur le flanc de la colline, un berger cheminait, rappelant son troupeau de chèvres mauresques.

— Ah ! quel malheur, Maurin ! cria-t-il, un chien fou a passé là-bas ! Il m’a mordu au moins deux de mes chèvres et il a mordu aussi mon chien.

— Pauvre bougre ! dit Maurin, ton chien et tes deux chèvres, il faudra les abattre !

À ce moment, des hommes sur la route parurent, qui cheminaient prudemment, armés de fusils. En tête venait le garde champêtre. On voyait luire sa plaque sur sa poitrine.

Avec d’infinies précautions, très lentement, cette troupe, composée de sept ou huit hommes, s’avança vers le cadavre du chien. Ces gens tenaient leurs armes prêtes, l’index sur les gâchettes.

— Vous venez un peu tard, leur cria Maurin, il est mort.

Sur la colline le berger se lamentait.

La petite troupe se porta en avant, et les plus hardis, ramassant une branchette, touchèrent le corps inerte du chien enragé.

— Il est bien mort ! dit l’un d’eux.

Le garde en tête, tous se rapprochèrent alors de Maurin.