Page:Aimé-Martin - Plan d’une bibliothèque universelle.djvu/216

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Voilà pourquoi ses méthodes réunissent souvent dans la même classe les objets les plus dissemblables, le chêne et la pimprenelle, le chien et le hérisson, bizarreries qu’on a vivement critiquées, et qui peut-être, vues de plus haut, auraient été traitées avec plus d’indulgence. En effet il s’agit de comparer, de grouper un grand nombre d’objets et de les placer dans un ordre qui les fasse reconnaître : le but est de soulager la mémoire écrasée sous la masse de la création, et non d’établir l’ordre même de la nature. La nature ne classe pas, ne divise pas, ne sépare pas : elle remplit tous les vides, elle réunit toutes les extrémités ; la vue de l’ensemble nous montre non des genres, non des espèces, mais un réseau vivant qui enveloppe le globe tout entier, l’homme restant toujours à part ! Cessons donc d’accuser Linné des anomalies de ses méthodes ! Admirons plutôt qu’il ait commis si peu d’erreurs dans cette immense revue de l’univers, où, semblable au premier homme, il imposa des noms à toutes choses. Sa faute, suivant nous, n’est pas d’avoir crée des classifications artificielles plus ou moins parfaites, mais d’avoir