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respire toute la licence de l’époque, a survécu à l’érudit et à l’orateur. Boccace vit par son Décameron ; ses traités de géographie et de mythologie n’existent plus que dans la poudre des bibliothèques. Pétrarque, aussi dédaigneux que lui de l’idiome populaire, a subi une destinée à peu près semblable. Son grand poème latin est oublié ; ses plaintes élégiaques, nées de l’imitation des troubadours, mêlées comme leurs œuvres de subtilités singulières, mais admirables par la sensibilité, la perfection des formes et la beauté achevée de la versification, ne seront oubliées qu’au moment où toutes les littératures de l’Europe s’éteindront à la fois. L’impulsion donnée au monde de la pensée et de l’étude, par Boccace et Pétrarque, est incalculable. À eux remonte tout ce mouvement d’imitation grecque, si ridiculement nommé classique, et qui a embrassé la France, l’Italie, l’Espagne même.

Les descendants des maîtres du monde, admirateurs de Boccace et de Pétrarque, n’ont plus qu’une civilisation d’agrément et de plaisir, un peu efféminée, un peu allanguie, mais brillante,