Page:Aimard, Auriac - Le Mangeur de poudre.djvu/132

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allongeant au delà des feuillages son cou décharné et son visage terreux, le fantôme regarda avec une anxieuse et farouche avidité.

L’onde noire absorba sa proie avec une sorte de hoquet profond, quelques rides serpentèrent à la surface, et tout fût fini.

Le fantôme avait commencé à exhaler un soupir de soulagement ; le souffle s’arrêta tout-à-coup dans sa gorge qui rendit une rauque exclamation. Le cadavre confié au tourbillon venait de reparaître au large, et flottait sur l’eau, présentant en l’air ses yeux éteints, son front hâve, sa bouche crispée, sa poitrine trouée par une large plaie. Chaque secousse produite par une vague, ployant ou redressant le corps, faisait jaillir un flot intermittent de sang, ou arrachait à ses flancs inanimés une sorte de râlement sourd ressemblant à des paroles d’outre-tombe.

Le fantôme s’arma d’une énorme pierre, la lança furieusement contre le cadavre. Il ne l’at-