Page:Aimard, Auriac - Le Mangeur de poudre.djvu/151

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sionne et gémit, alors que le corps, paresseux et lourd, ne sait encore rien de ce qui doit lui arriver. Au travers des brumes de l’avenir, l’âme entrevoit, comme des clartés fugitives, certains indices auxquels elle reconnaît ce qui sera, et alors elle s’afflige ou se réjouit en vertu de cette vague prescience. Toujours en arrière de sa compagne immortelle, le corps ne sait rien, il se traîne terre à terre, obéissant parfois, inintelligent presque toujours.

Un phénomène semblable se produisit chez Charles Dudiey lorsque, réveillé de bonne heure, il se mit en route pour le Cottage. Triste et rêveur, il parcourut le sentier bien connu et bien cher qui conduisait au petit Éden où était pour lui le bonheur. Ses pensées sombres étaient en harmonie avec le temps pendant la nuit, le vent avait sauté au Nord-Ouest, et il amoncelait sur l’horizon d’épais nuages qui rampaient, sinistres, les uns sur les autres, noircissant le ciel, mena-