Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

103
LES PIEDS FOURCHUS

le tintement des grelots, le bruit sur la glace des pas précipités des chevaux, les cris brefs de leur conducteur ; les longs arbres recourbés en berceaux étaient empourprés des derniers rayons du soleil couchant, qui leur envoyait sa gloire lumineuse à travers les brumes du soir : on aurait dit une gigantesque illumination allumée par quelque esprit de la forêt en l’honneur des nouveaux arrivants.

Une heure fut employée à fouiller les broussailles, à se frayer passage au travers des fondrières où les chevaux disparaissaient sous la neige, à batailler contre les avalanches qui roulaient des hauteurs : enfin on atteignit un plateau bien abrité que le maître d’école déclara parfait pour le campement.

— Encore une poignée de main, Iry ! s’écria le Brigadier au comble de la joie ; tu es un homme, toi !

Les chevaux furent aussitôt débarrassés de leurs harnais, couverts de peaux de moutons, et solidement attachés : ensuite, jouant activement de la hache, chaque chasseur s’occupa de faire place nette, et en quelques instants le sol fut aplani. La neige, rejetée tout autour en forme de rempart