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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

toucher : autrement il disparaîtrait lui et sa famille.

— Quelle famille ?

— Sa femme, ses petits ; quelquefois, avant la saison du rut, on trouve deux ou trois familles réunies.

— Est-ce tout ? demanda Joë.

— Oui. Ah ! pardon un instant encore ! j’oubliais quelque chose. Quelques uns d’entre vous ne sont, je crois, pas très-expérimentés ; qu’ils retiennent bien ce que je vais dire ! Si, dans l’ombre du bois, vous entendez la course impétueuse et bruyante de la bête fauve qui passe comme un ouragan, broyant tout sur son passage ; si vous êtes convaincu que c’est le moose ; si vous croyez pouvoir tirer au jugé, sans l’apercevoir ; tirez, mais souvenez-vous que si, par malheur, ce n’est point un compagnon de chasse que vous ayez tué, si vous avez blessé le moose, instantanément il sera sur vous, vous n’aurez d’autre ressource que de lui vendre chèrement votre vie.

— Hé ! hé ! voilà un jeu qui peut devenir sérieux observa Frazier jeune ; les relations avec ce gibier là ne sont pas sans danger.

— Très-dangereuses ! si on ne prend pas bien