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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

vait. Parfois, dans quelque clairière lointaine illuminée par le soleil couchant, on apercevait la gigantesque stature de l’Oncle Jerry se détachant brillante sur le fond sombre des bois ; le canon poli de son fusil reluisait dans ses mains comme une arme enflammée et magique ; au même instant il disparaissait comme un brouillard-fantôme emporté par le vent.

Après une rude ascension, Burleigh et Frazier se trouvèrent assez proches du Brigadier : ils le virent s’arrêter subitement comme quelqu’un qui écoute ; en même temps ils entendirent, sur leur droite, les graves aboiements d’un dogue : « Par Jupiter ! » cria une voix qui sortait du fourré, « c’est le vieux Watch. »

— Je parierais que Luther est pour quelque chose là-dedans, grommela Burleigh ; je vous le dis, M. Frazier, il est heureux pour lui que son père soit trop loin pour s’en apercevoir.

— N’entendez-vous pas des hurlements ? N’entendez-vous pas, Burleigh ? répondit Ned.

— Ce sont les loups, répliqua le maitre d’école après avoir prêté l’oreille un instant ; ils se dirigent du côté de notre campement, tout en chassant un moose pour leur souper.