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LES PIEDS FOURCHUS

Mais avant que le vieillard eût fait face, le terrible ennemi sortait du fourré et courait droit sur lui.

Le danger était pressant ; il n’y avait de salut à espérer que dans une lutte corps à corps, si le coup de fusil ne le foudroyait pas. Le Brigadier aurait voulu viser au défaut de l’épaule, mais l’animal se présentant de front, il tira donc en plein poitrail.

Le moose tomba à genoux, sur le coup : mais, presque aussitôt, après deux ou trois plongeons dans la neige, il se releva et se lança sur le Brigadier au triple galop.

— Derrière un arbre ! hurla Burleigh ; prenez abri derrière un arbre, pour Dieu, courez ! cela me donnera le temps d’arriver à portée de fusil.

Le vieillard bondit comme un chat sauvage, et comme le moose enfonçait dans la neige, pendant quelques secondes il y eut espoir de salut.

Mais à chaque saut il prenait de l’avance, bientôt le Brigadier sentit sa respiration brûlante sur son épaule ; pour gagner du temps il lui jeta son long manteau à la tête : le moose furieux se secoua, trépigna, et le manteau disparut en mor-