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LES PIEDS FOURCHUS

en murmurant que peut-être il s’était trompé ; et il reprit ses préparatifs culinaires.

Le pauvre Luther fort mal à son aise, et le vieux Watch inquiet, demeurèrent immobiles. Le chien s’assit, les yeux fixés vers un amas de troncs d’arbres assez éloignés au fond de la clairière ; par intervalle il agitait ses oreilles comme pour percevoir quelque son furtif et lointain ; ensuite il regardait Luther, et le caressait en remuant sa queue qui balayait la neige.

— Qu’est-ce donc, Père ? demanda enfin le jeune homme en se soulevant sur ses deux coudes.

— Prenez votre fusil et je vous le dirai.

Au moment où Luther prenait l’arme, son père la saisit, sonda le canon avec la baguette pour assurer la charge, épingla soigneusement la lumière, remit dans le bassinet une amorce fraîche : cette opération faite minutieusement, il remit le fusil à son fils en lui disant :

— Gardez ce fidèle compagnon à votre portée, si vous tenez à vivre. Nous ne pouvons savoir ce qui va arriver.

— Oui, Père, mais vous ne m’avez pas répondu ; vous ne répondez jamais à mes questions. Je voudrais bien savoir ce que vous avez vu.