Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

201
LES PIEDS FOURCHUS

Le Brigadier secoua mélancoliquement la tête.

— Non, mes enfants, ce n’est pas un loup ; ce n’est pas l’aboiement bref et rauque du loup. C’est une sorte de plainte, un appel.

— Peut-être est-ce un avertissement, Père ?

— Peut-être…Luther… ; si c’en est un, il faut qu’il nous trouve préparés ; nous ne savons pas ce qui peut arriver. Écoute-moi, enfant ; je suis le plus âgé, sans doute je suis le plus proche de la fin des jours. Promets-moi une chose, pour quand je ne serai plus de ce monde.

— Parlez, Père, parlez ! répondit Luther pâlissant, je vous jure d’obéir.

— Promets-moi, mon fils, (et rapporte à ta mère cette promesse solennelle), promets-moi de faire offrir aux héritiers Blaisdell, ou la restitution de leur ferme, ou un supplément de prix tel que l’estimeront trois honnêtes experts.

— Oui, Père ; je le jure !

— Vous m’entendez tous, compagnons ! vous êtes témoins ?

— Nous le sommes, répondirent les chasseurs étonnés.

— Très-bien ! c’est assez. Mes comptes sont réglés maintenant ; je suis prêt. Partons !