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LES PIEDS FOURCHUS

— Non ! Sir, Non ! ma main ne touchera pas la vôtre avant que vous ayez reconnu mon innocence ; je viens ici pour la démontrer.

Le jeune homme était pâle et défait ; sa maigreur effrayante se trahissait sous ses vêtements noirs.

— Iry Burleigh ! dit le vieillard, je suis affligé de vous voir. Que venez-vous faire ici ?

— Vous ! affligé de me voir ? vous… après avoir mis ma tête à prix, comme celle d’un assassin. Et pourtant vous me connaissiez bien ! Oncle Jeremiah.

— Que pouvais-je faire ? reprit le patriarche d’un ton triste et solennel ; les apparences étaient contre vous…, et je suis magistrat.

— C’est vrai ! aussi suis-je venu me livrer à vous, vieil ami, parce que j’ai vu votre signature au bas de ce papier menaçant, parce que je sais que vous êtes un magistrat intègre ; je suis parti à l’instant où j’ai su que la justice me cherchait, et j’ai fait trois cents milles pour lui apporter ma tête… Je suis venu à vous parce que vous fûtes l’ami de mon père. — Ici sa voix fut altérée par un léger tremblement ; mais bientôt il poursuivit d’un ton haut et ferme, en s’adressant à la foule :