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LES PIEDS FOURCHUS

— Gamins ! polissons !

— Grand-mère ! ce n’est pas moi ! criaille la troupe remuante, en se fourrant au hasard dans les lits, comme une nichée de poulets effrayés.

— Au lit ! méchante race ! au lit, de suite ! dit sévèrement Lucy en tirant les couvertures et jetant par terre leurs chefs-d’œuvre de neige.

– Ah ! très-bien ! voyez ce que vous faites, dit l’aînée en se couvrant la tête avec les draps : je vous déclare que vous devriez rougir de vous-même, cousine Loo ! voilà sur le plancher nos gâteaux, nos tourtes glacées, nos brioches ! c’est joli ce que vous avez fait là !

— Pas un mot de plus, Jerutha Jane Pope, répondit la cousine Loo, ayant peine à garder son sérieux lorsqu’elle entendait cette grande fille prendre ainsi la chose sur un ton grave ; si je vous entends encore j’amènerai grand’mère. Ah ! voilà grand’père lui-même ! il écoute en bas. Ce que vous avez de mieux à faire, c’est de vous tenir tranquilles.

Un coup de sifflet aigu arrivé de l’escalier, suivi des pas pesants de grand’père, produisit un effet magique. Les chuchottements s’éteignirent, tout rentra dans le silence et l’immobilité.