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LES PIEDS FOURCHUS

Elle sourit dédaigneusement, et lui fit signe de la tête qu’il pouvait parler.

— J’ai une question à vous adresser.

— Dites.

— Connaissez-vous la conversation que j’ai eue avec votre tante, hier soir, concernant notre mariage ?

Notre mariage !

Notre projet de mariage, veux-je dire.

— Eh bien ! oui.

— L’avez-vous chargée de me dire ce que vous ne vous sentiez pas le courage de me dire vous-même ?

— Oui, sir.

— Et pourquoi n’êtes-vous pas venue à moi, avec votre loyale franchise, cette franchise sans peur et sans reproche que j’aime tant en vous ;… pourquoi, Lucy, n’ai-je pas entendu vos lèvres elles-mêmes m’apporter ce triste message ? Je l’aurais mieux supporté !

— Je ne le pouvais, sir, vous le savez bien ; je vous connais trop bien ; je vous respecte trop j’ai trop pitié de vous.

— Pitié ! Lucy ? Aucun sentiment plus tendre que la pitié ne vous a retenue… ?