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LES PIEDS FOURCHUS

et cuves étaient gelés et disloqués par la rigueur excessive de la température. Toute une armée de travailleurs venu des quatre coins de l’horizon avaient disparu comme une volée d’oiseaux de passage.

Le Brigadier profita d’un campement encore assez bien frayé pour y faire halte, donner à boire et à manger aux chevaux. Son premier soin fut de rompre le silence qui lui pesait, et de rétablir la bonne harmonie dans la petite troupe.

— Y a-t-il des érables à sucre dans votre pays, demanda-t-il à Frazier aîné.

— Oh ! oui : ils forment bien le quart de nos forêts.

— Diable ! Faites-vous du sucre ?

— Pas beaucoup. Nous ne sommes pas assez patients. Mais les Français en fabriquent passablement.

— Quelle récolte produit un arbre chez vous ?

Frazier hocha la tête et regarda le maître d’école comme pour l’appeler à son secours. Ce dernier qui lui gardait encore un peu rancune, ne se pressa pas de répondre à ce muet appel ; néan-