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L’ÉCLAIREUR.

et que les renseignements qu’il ne pouvait pas prendre, l’Aigle-Volant les prendrait pour lui.

— Oui, voilà ce que j’ai pensé, chef. À quoi bon le cacherai-je ? Me suis-je trompé ? ne ferez-vous pas cela pour moi ?

— Je ferai mieux, répondit l’Indien ; que mon frère écoute. L’Églantine est une femme ; nul ne s’occupera d’elle, elle entrera inaperçue dans le Tzinco, et, mieux que le chef, obtiendra tous les renseignements dont mon frère a besoin ; lorsque le moment d’agir sera venu, l’Aigle-Volant aidera le chasseur.

— Pardieu ! vous avez raison, sachem, votre idée est meilleure que la mienne ; il est préférable sous tous les rapports que ce soit l’Églantine qui aille à la découverte ; une femme ne peut inspirer de soupçons, mieux que qui que ce soit elle apprendra des nouvelles. En route donc sans plus tarder ; aussitôt que nous aurons traversé la forêt, nous l’enverrons au Tzinco.

L’Aigle-Volant secoua la tête et retint par le bras le chasseur, qui déjà s’était levé pour se mettre en route.

— Mon frère est vif, fit-il ; qu’il me laisse lui dire encore un mot.

— Voyons !

— L’Églantine partira en avant, mon frère aura plutôt des nouvelles.

Don Mariano se leva, et serrant avec émotion la main du Comanche :

— Merci pour cette bonne pensée qui vous est venue, chef, lui dit-il ; vous avez toutes les délicatesses, votre cœur est noble, il sait compatir aux douleurs d’un père ; merci, encore une fois.

L’Indien se détourna pour ne pas laisser voir sur son visage les traces du sentiment qui l’agitait malgré lui, ce