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L’ÉCLAIREUR.

supposer que je ne me trompe pas, mais rapportez-vous-en à moi, je saurai bientôt à quoi m’en tenir.

— Du reste, ce sont les mêmes traces que celles que nous suivons depuis Monterey ; il y a des chances que ce soient eux.

— Que résolvons-nous ?

— Dame, je ne sais que vous dire.

— Vous êtes désespérant, sur ma parole ; comment, vous ne pouvez me suggérer aucun moyen ?

— Il me faudrait d’abord une certitude, et puis, vous l’avez dit vous-même : à nous trois, ce serait folie de tenter ce coup de main !

— Vous avez raison, je retourne au camp ; la nuit prochaine, nous nous reverrons, je serai bien malheureux si, cette fois, je n’ai pas découvert ce qui nous importe tant de savoir ; vous, pendant ce temps-là, cherchez, furetez, fouillez la Prairie dans tous les sens, et, si cela est possible, ayez-moi des nouvelles de Bon-Affût.

— Cette recommandation est inutile, je ne demeurerai pas inactif.

Don Stefano saisit la main du vieux chasseur, et la pressant fortement entre les siennes :

— Balle-Franche, lui dit-il d’une voix émue, je ne vous parlerai pas de notre vieille amitié, ni des services que plusieurs fois j’ai été assez heureux pour vous rendre, je vous répéterai seulement, et je sais qu’avec vous cela suffira, c’est que du succès de notre expédition dépend le bonheur de ma vie.

— Bon, bon, ayez confiance en moi, don José ; je suis trop vieux pour changer d’amitié, je ne sais qui a tort ou raison dans cette affaire, je souhaite que la justice soit de votre côté ; mais cela ne m’occupe pas, quoi qu’il arrive, je vous serai fidèle et bon compagnon.

— Merci, mon vieil ami, à la nuit prochaine.