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L’ÉCLAIREUR.

Domingo, le gambucino, avait disparu. Aussitôt la reconnaissance effectuée entre don Miguel, le chasseur et don Mariano, le Canadien, avant toute chose, leur dit avec agitation :

— Pied à terre, pied à terre, caballero, et en chasse tous !

— Comment ! en chasse à cette heure ? répondit don Miguel ; êtes-vous fou, Bon-Affût ?

— Je ne suis pas fou, reprit vivement le Canadien ; mais, je vous le répète, pied à terre et en chasse ! nous sommes trahis !

— Comment, trahis ! s’écria don Miguel en bondissant de surprise, et par qui, au nom du ciel ?

— Par Domingo ! le traître s’est enfui pendant notre sommeil ! Oh ! j’avais raison de me défier de sa face cuivrée !

— Domingo enfui ? traître ? vous vous trompez !

— Je ne me trompe pas. En chasse ! vous dis-je, au nom de celles que vous avez juré de sauver !

Il n’en fallait pas autant pour exaspérer le jeune homme ; il se précipita en bas de son cheval et saisissant son rifle :

— Que faut-il faire ? demanda-t-il.

— Partageons-nous le terrain, répondit rapidement le chasseur ; partons chacun d’un côté, que Dieu bénisse nos recherches ! nous n’avons perdu que trop de temps déjà.

Sans un plus long échange de paroles, les quatre hommes s’enfoncèrent dans la forêt par quatre côtés différents.

Mais les ténèbres étaient épaisses ; sous le couvert où même en plein jour les rayons du soleil ne pénétraient qu’avec peine, par cette nuit noir et sans lune, on ne distinguait rien à deux pas de soi ; et si, au lieu de fuir, le gambucino s’était contenté de se cacher aux environs, évidemment les chasseurs passeraient auprès de lui sans l’aperce-