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L’ÉCLAIREUR.

les moissons et enlever des prisonniers ; puis il lui raconta les voyages qu’il avait faits, et parut vouloir prouver au médecin Deux-Lapins que son grand courage comme guerrier, son expérience et ses vertus militaires ne l’empêchaient nullement, au besoin, de comprendre ce qu’il y avait de noble et de respectable dans la science ; il insinua même que lui, bien qu’étant un sachem, il ne dédaignait pas de se livrer parfois à l’étude des simples et à la recherche des secrets de la grande médecine dont le Wacondah, dans sa bonté suprême, avait doté certains hommes d’élite pour le soulagement de l’humanité entière.

Bon-Affût affecta de paraître profondément touché de la considération que le puissant sachem Atoyac portait au caractère sacré dont il était revêtu, et il résolut in petto de profiter des bonnes dispositions de son hôte à son égard pour le sonder adroitement sur ce qu’il avait tant à cœur de savoir, c’est-à-dire, en quel état se trouvaient les jeunes filles et dans quel endroit de la ville elles étaient renfermées.

Cependant comme la susceptibilité des Indiens est excessivement facile à éveiller, qu’il était nécessaire d’user de la plus grande patience, le chasseur ne laissa rien deviner de ses intentions, et il attendit patiemment que le chef lui fournît lui-même l’occasion de l’interroger.

La conversation était devenue à peu près générale ; cependant plus d’une heure s’était écoulée déjà, et malgré tous ses efforts aidés par ceux de l’Aigle-Volant, le chasseur n’avait encore pu parvenir à aborder de front la question qui lui tenait tant au cœur, lorsqu’un Indien se présenta sur le seuil de la porte.

— Le Wacondah se réjouit, dit le nouveau venu en s’inclinant respectueusement ; j’ai une mission pour mon père.