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L’ÉCLAIREUR.

— J’y accompagnerai mon fils, s’il veut bien y consentir.

— Ce sera un honneur pour moi. Je puis, n’est-ce pas, compter sur l’appui de mon père ?

— Quand cet appui a-t-il manqué à Addick ?

— Jamais. Cependant, aujourd’hui surtout, je voudrais être certain que mon père me l’accordera.

— Mon fils sait que je l’aime, j’agirai comme je le dois, répondit évasivement le devin.

Addick, à son grand regret, fut contraint de se contenter de cette réponse ambiguë.

Les deux hommes sortirent alors et traversèrent la place pour entrer au palais des sachems où se réunissait le conseil.

Une foule d’Indiens attirés par la curiosité encombraient cette place ordinairement solitaire et saluaient de leurs acclamations le passage des sachems renommés.

Lorsque le grand-prêtre parut accompagné par le jeune chef, les Indiens se séparèrent devant eux avec un respect mêlé de crainte et les saluèrent silencieusement.

L’amantzin était encore plus redouté qu’il n’était aimé du peuple, comme cela arrive généralement à tous les hommes qui disposent d’un grand pouvoir.

Chinchcoalt ne parut pas s’apercevoir de l’émotion que causait sa présence et des chuchotements craintifs qui se faisaient entendre sur son passage. Les yeux baissés, la démarche modeste et même humble, il entra dans le palais à la suite du jeune chef dont la contenance assurée et le regard orgueilleux formaient un saisissant contraste avec la tenue que lui-même affectait.

Le lieu destiné à la réunion du grand conseil était une immense salle carrée d’une simplicité extrême, orientée nord et sud ; au fond se trouvait attachée au mur blanchi à la chaux une espèce de tapisserie faite avec des plumes et