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L’ÉCLAIREUR.

prêtre vînt avec empressement au devant des arrivants qu’il attendait avec impatience. L’amantzin envisagea le chasseur avec une attention soupçonneuse et lui fit subir un interrogatoire semblable à celui auquel, dans la matinée, l’avait déjà soumis Atoyac.

Ses réponses, préparées de longue main, convinrent au grand-prêtre ; car, quelques minutes plus tard, il le conduisit, suivi par le chef, dans les appartements réserves du palais, afin de constater l’état de maladie des deux jeunes filles.

Le cœur du Canadien était en proie à la plus violente émotion, de grosses gouttes de sueur perlaient sur son visage. Du reste, la position critique dans laquelle il se trouvait était bien de nature à lui inspirer de sérieuses inquiétudes. Ce qu’il redoutait le plus était de ne point conserver son sang-froid et son impassibilité en présence des jeunes filles : il avait un trop grand intérêt à ne pas se trahir pour n’avoir pas la force de rester maître de lui, quoi qu’il arrivât ; mais ce qu’il craignait par-dessus tout était l’effet que sa présence pourrait produire sur les jeunes filles si, malgré la perfection du déguisement qui le cachait, elles le reconnaissaient de prime-abord ou lorsqu’il se serait fait reconnaître ; car il était indispensable, pour le succès de la ruse qu’il devait employer, que celles qu’il allait voir sussent à qui elles avaient affaire et entrassent franchement dans le rôle qu’il voulait leur faire jouer dans la comédie qu’il préparait. Ces réflexions et bien d’autres encore qui venaient en foule au chasseur imprimaient malgré lui à sa physionomie un cachet de sévérité qui était loin de lui nuire dans l’esprit de ceux qui l’accompagnaient.

Ils arrivèrent enfin à l’entrée des appartements secrets, dont la porte, sur un geste du grand-prêtre, s’ouvrit toute grande devant eux. Mais aussitôt qu’ils eurent pénétré dans