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L’ÉCLAIREUR.

— Laissez-la faire, dit-il ; elle sait mieux que nous pourquoi elle agit ainsi ; les Peaux-Rouges ne font jamais rien qu’avec connaissance de cause. Venez, chère enfant, je vais vous accompagner jusqu’à la porte et vous faire donner un cheval.

— Allez donc, répondit don Miguel ; mais souvenez-vous que c’est contre mon désir que vous nous avez quittés.

L’Indienne sourit, embrassa les deux jeunes filles en leur disant ce seul mot :

— Courage !

Puis elle suivit Bon-Affût.

— Pauvre chère créature ! murmura don Miguel. Elle va chercher à nous être utile encore, j’en suis convaincu. Se tournant alors vers les jeunes femmes :

Niñas, leur dit-il, reprenez courage ; nous sommes nombreux ; demain, au lever du soleil, nous repartirons sans craindre d’être inquiétés par les maraudeurs indiens.

— Don Miguel, répondit doña Laura en souriant avec tristesse, vous essaierez en vain de nous rassurer ; nous avons entendu ce que vos hommes disaient entre eux ; ils s’attendent à une attaque.

— Pourquoi ne pas être franc avec nous, don Miguel ? ajouta doña Luisa. Mieux vaut nous avouer clairement dans quelle position nous sommes et à quoi nous sommes exposées.

— Mon Dieu ! le sais-je moi-même ? reprit-il ; j’ai pris toutes les précautions nécessaires pour défendre l’hacienda jusqu’à la dernière extrémité ; mais j’espère que notre piste ne sera pas découverte.

— Vous nous trompez encore, don Miguel, dit Laura avec un ton de reproche si doux qu’il alla au cœur du jeune homme.

— D’ailleurs, continua l’aventurier, sans vouloir répondre à l’interruption de celle qu’il aimait, soyez certaines, señoritas, qu’en cas d’attaque nous mourrons tous,