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LA FIÈVRE D’OR.

ouï-dire les mezoneros ou hôteliers mexicains ; sans cela, il est hors de doute qu’ils auraient, à leurs risques et périls, réhabilité ces braves gens pour décharger tout le poids de leur indignation sur les huespedes (aubergistes) de la Nouvelle-Espagne.

Une justice à rendre aux hôteliers espagnols et siciliens, c’est que s’ils sont dans la complète impossibilité de satisfaire, de quelque manière que ce soit, aux exigences des voyageurs, en leur donnant les provisions que ceux-ci réclament, en revanche ils leur font un visage si affable, voilent leur refus sous les apparences d’une si exquise politesse, que la plupart du temps le voyageur est forcé de reconnaître qu’il a eu tort de ne pas se munir des provisions et des objets nécessaires, et il est contraint de se confondre en excuses.

Au Mexique, les choses se passent tout différemment.

Sur les quelques grandes routes jadis construites par les Espagnols, et que l’incurie des différens gouvernemens qui leur ont succédé laisse dans un état d’abandon tel que bientôt elles disparaîtront complétement, s’élèvent à de longues distances de vastes bâtimens qui de loin ressemblent assez bien à des maisons fortes, étant la plupart entourés de hautes murailles crénelées et garnies de meurtrières.

Ces bâtiments sont des mesons ou hôtelleries.

L’intérieur se compose d’abord d’une énorme cour avec une noria, ou puits destiné à donner à boire aux chevaux. Des corales pour les bêtes de somme prennent les quatre faces de cette cour. Dans un bâtiment réservé se trouvent les cuartos des voyageurs, c’est-à-dire de misérables bouges meu-