Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/244

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Il demeura longtemps absorbé en lui-même. Enfin il releva tout à coup la tête, et, promenant autour de lui un regard clair et intrépide :

— Mes amis, dit-il d’une voix joyeuse en frappant la crosse de son rifle sur la glace, reprenez courage ; je crois, pour cette fois, avoir trouvé le moyen de sortir sain et sauf du guêpier dans lequel nous nous sommes fourrés.

Les compagnons poussèrent un soupir de soulagement, presque de joie.

Ils connaissaient le chasseur ; ils savaient combien l’esprit de cet homme intrépide et dévoué était fertile en expédients et inaccessible au découragement ; ils avaient foi entière en lui.

Valentin leur annonçait qu’il les sauverait, ils le croyaient.

Ils ne soupçonnaient pas quels moyens il emploierait pour cela. C’était son affaire, non la leur. Maintenant ils étaient tranquilles, car ils avaient sa parole, cette parole à laquelle le Français n’avait jamais manqué ; ils n’avaient plus qu’à attendre patiemment que sonnât l’heure de leur délivrance.

— Bah ! répondit gaiement le général, je savais bien que vous nous sortiriez de là, mon ami.

— Quand partirons-nous ? demanda don Pablo.

— Dès qu’il fera nuit, répondit Valentin ; mais où est Curumilla ?

— Ma foi, je ne sais pas. Je l’ai vu il y a une demi-heure environ se laisser glisser le long de la pente de la montagne, comme s’il devenait fou subitement ; depuis, je ne l’ai plus revu.

— Curumilla ne fait rien sans raison, fit le chasseur en hochant la tête, bientôt vous le verrez revenir.