Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/31

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— Taisez-vous ! s’écria-t-il avec colère.

— Le tigre, forcé dans sa tanière, se retourne contre les chasseurs, reprit la jeune fille sans s’émouvoir ; pourquoi ne suivez-vous pas son exemple ?

Un sourire sinistre crispa les coins de la bouche du squatter.

— J’ai mieux dans mon sac, dit-il avec un accent impossible à rendre.

La jeune fille le regarda un instant.

— Prenez garde ! lui dit-elle enfin d’une voix profonde, prenez garde ! la main de Dieu est sur vous, sa justice sera terrible.

Après avoir prononcé ces paroles, elle s’éloigna à pas lents et entra dans le compartiment qui lui servait de retraite.

Le bandit resta un instant accablé sous cet anathème ; mais bientôt il redressa la tête, haussa dédaigneusement les épaules et alla s’étendre aux côtés de ses fils en murmurant d’une voix sourde et ironique :

— Dieu !… est-ce qu’il existe ?

Bientôt on n’entendit plus d’autre bruit dans le jacal que celui produit par la respiration des trois hommes qui dormaient.

Ellen s’était remise en prières.

Au-dehors, l’orage redoublait de fureur.


III.

Conversation.

En quittant le jacal, don Pablo de Zarate avait traversé la rivière et retrouvé son cheval dans le fourré