Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans hésiter, tué comme une bête fauve, son amour pour Ellen était devenu un culte, une adoration qu’il ne raisonnait même plus, mais qu’il subissait avec cette ivresse, ce bonheur de la chose défendue.

Cette jeune fille, qui s’était conservée si pure et si chaste au milieu de cette famille de bandits, avait pour lui un attrait irrésistible.

Il l’avait dit dans sa conversation avec elle, il était intimement convaincu qu’elle ne pouvait pas être la fille du Cèdre-Rouge.

Pourquoi ?

Il lui aurait été impossible de l’expliquer, mais avec cette ténacité du parti pris que possèdent seuls certains hommes, il cherchait sans relâche les preuves de cette conviction que rien n’appuyait, et qui plus est, il cherchait ces preuves avec la certitude de les trouver.

Depuis dix jours, par un hasard inexplicable, il avait découvert la retraite du Cèdre-Rouge, cette retraite que Valentin, l’adroit chercheur de pistes, n’avait pu deviner ; don Pablo avait immédiatement profité de ce bonheur pour revoir la jeune fille qu’il croyait perdue pour toujours.

Cette réussite inespérée lui avait semblé de bon augure, et, tous les matins, sans rien dire à ses amis, il montait à cheval sous le premier prétexte venu, et faisait dix lieues pour venir, pendant quelques minutes, causer avec celle qu’il aimait.

Toute considération se taisait devant son amour, il laissait ses amis s’épuiser dans de vaines recherches, conservant précieusement son secret, afin d’être heureux au moins pendant quelques jours, car il prévoyait parfaitement qu’il arriverait un moment où le Cèdre-Rouge serait découvert.