Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/45

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— Ah ! tu ne m’échapperas pas, s’écria le Blood’s Son, personne au monde ne viendra te tirer de mes mains.

Cependant aux ténèbres avait succédé le jour.

Le soleil se levait dans toute sa splendeur.

Des myriades d’oiseaux saluaient le retour de la lumière par leurs chants joyeux.

La nature venait de se réveiller gaiement, et le ciel, d’un bleu transparent, promettait une de ces belles journées que le climat béni de ces contrées a seul le privilège d’offrir.

Une fertile campagne, délicieusement accidentée, s’étendait à droite et à gauche de la route, et se confondait à l’horizon à perte de vue.

Le corps inanimé de la jeune fille pendait de chaque côté du cheval, suivant sans résistance tous les mouvements qu’il lui imprimait.

La tête abandonnée et couverte d’une pâleur livide, les lèvres pâles et entr’ouvertes, les dents serrées, les seins nus et la poitrine haletante, elle palpitait sous la large main du Blood’s Son qui pesait lourdement sur elle.

Enfin on arriva à une caverne où étaient campés une quarantaine d’Indiens armés en guerre.

Ces hommes étaient les compagnons du Blood’s Son.

Il fit un geste.

Un cheval lui fut présenté.

Il était temps : à peine celui qui l’avait amené se fut-il arrêté, qu’il s’abattit, rendant par les naseaux, la bouche et les oreilles, un sang noir et brûlé.

Le Blood’s Son se remit en selle, reprit la jeune fille dans ses bras et se remit en route.

— À l’hacienda Quemada ![1] cria-t-il.

  1. La Ferme brûlée.