Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/458

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un réverbère était décroché et la victime hissée à sa place : du reste nous croyons que le mot lynch n’est qu’un dérivé ou, si l’on aime mieux, une corruption du mot light (lumière).

Nous reprendrons à présent le cours de notre récit.

Quatre jours après les événements que nous avons rapportés dans notre précédent chapitre, le camp de l’Unicorne offrait un aspect étrange. Non seulement il renfermait des guerriers indiens appartenant à toutes les nations alliées de la nation des Comanches, mais encore beaucoup de chasseurs, de trappeurs blancs et de métis étaient accourus de tous les points de la prairie afin de juger les prisonniers faits quelques jours auparavant et de leur appliquer la loi de Lynch ainsi qu’elle est comprise dans la prairie.

Le père Séraphin, qui se trouvait en ce moment au camp occupé à prodiguer ses soins et ses consolations à Mme Guillois dont le mal était arrivé à sa dernière et fatale période, et qui se sentait tout doucement mourir, avait cherché à s’opposer de tout son pouvoir au jugement des prisonniers.

Vainement il avait représenté aux Indiens et aux blancs qu’il y avait des magistrats intègres aux États-Unis, qu’ils sauraient faire appliquer les lois et punir les coupables ; ses efforts n’avaient obtenu aucun résultat, et il avait été obligé de se retirer le cœur navré.

Ne pouvant sauver les prisonniers, il avait voulu les préparer convenablement à la mort ; mais là encore le digne missionnaire avait échoué : il avait trouvé des misérables au cœur atrophié et bronzé par le vice qui n’avaient rien voulu entendre et s’étaient moqués de lui.