Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/463

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fini par le crime. De complicité avec le Cèdre-Rouge, j’ai incendié des fermes dont j’ai brûlé ou assassiné les habitants pour les voler ensuite. J’ai été, avec le Cèdre-Rouge encore, chasseur de chevelures ; j’ai aidé à enlever cette jeune fille qui est là. Quoi encore ? j’ai tué, pour lui voler le secret d’un placer, le père de ce gambucino. Que voulez-vous de plus ? Inventez les crimes les plus atroces et les plus hideux, je les ai tous commis. Maintenant prononcez votre jugement, exécutez-le, vous ne parviendrez pas à me faire dire une parole de plus ; je vous méprise, vous êtes des lâches !

Après avoir prononcé ces odieuses paroles avec un cynisme révoltant, le misérable promena un regard provocateur sur l’assemblée.

— Vous êtes condamné, lui dit Valentin après avoir recueilli les voix, à être scalpé, à être pendu par les aisselles, à être enduit de miel, et à demeurer pendu jusqu’à ce que les mouches et les oiseaux du ciel vous aient dévoré.

En entendant cette sentence terrible le bandit ne put réprimer un mouvement de terreur, tandis que le peuple applaudissait avec frénésie à cette sévère justice.

— Maintenant les jugements vont être exécutés, dit Valentin.

— Un instant ! s’écria l’Unicorne en se levant d’un bond et allant se placer devant les juges. Pour ce qui regarde le Cèdre-Rouge, la loi n’a pas été suivie ; ne dit-elle pas œil pour œil, dent pour dent ?

— Oui, oui ! s’écrièrent les Indiens et les trappeurs.

Frappé d’une espèce de pressentiment, le Cèdre-Rouge trembla et sentit son cœur se serrer.