Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/47

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restée étendue sans mouvement, et il commença à monter à pas lents la colline.

C’était l’heure où les oiseaux saluent de leurs derniers concerts le soleil dont le disque ardent, déjà au-dessous de l’horizon, ne répand plus que des rayons obliques et sans clarté. L’ombre envahissait rapidement le ciel.

Cependant, le vent se levait avec une force qui s’accroissait de minute en minute, la chaleur était lourde, de gros nuages noirâtres, frangés de gris, apportés par la brise, couraient pesamment dans l’espace, s’abaissant de plus en plus vers la terre.

Enfin, tout présageait pour la nuit un de ces ouragans comme on en voit seulement dans ces contrées, et qui font pâlir d’effroi les hommes les plus intrépides.

Le Blood’s Son montait toujours, portant dans ses bras la jeune fille, dont la tête pâle retombait insensible sur son épaule.

Des gouttes d’eau tiède, et larges comme des piastres, commençaient à tomber par intervalles et à marbrer la terre, qui les buvait immédiatement.

Une odeur âcre et pénétrante s’exhalait du sol et imprégnait l’atmosphère.

Le Blood’s Son montait toujours du même pas ferme et lent, la tête basse, les sourcils froncés.

Enfin, il atteignit le sommet de la colline.

Alors, il s’arrêta pour jeter autour de lui un regard investigateur.

En ce moment un éclair éblouissant zébra le ciel, illuminant le paysage d’un reflet bleuâtre, et le tonnerre éclata avec fracas.

— Oui, murmura le Blood’s Son avec un accent sinistre et comme répondant à voix haute à une pensée