Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/49

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vait un abri précaire aux voyageurs surpris par l’orage.

Ce fut vers ce hangar que se dirigea le Blood’s Son.

Au bout de quelques minutes, il l’atteignit et put se garantir de la pluie, qui en ce moment tombait à torrents.

L’orage était dans toute sa fureur ; les éclairs se succédaient sans interruption, le tonnerre roulait avec fracas et le vent fouettait violemment les arbres.

C’était enfin une de ces nuits sinistres pendant lesquelles s’accomplissent ces œuvres sans nom que le soleil ne veut pas éclairer de sa splendide lumière.

Le Blood’s Son posa la jeune fille sur un amas de feuilles sèches placé dans un des angles du hangar, et après l’avoir regardée attentivement pendant quelques secondes, il croisa ses bras sur sa poitrine, fronça les sourcils, baissa la tête, et commença à marcher à grands pas de long en large en murmurant à voix basse des mots sans suite.

Chaque fois qu’il passait devant la jeune fille, il s’arrêtait, la couvrait d’un regard d’une expression indéfinissable, et reprenait en secouant la tête sa marche saccadée.

— Allons, dit-il d’une voix sourde, il faut en finir ! Eh quoi ! cette jeune fille si forte, si robuste, est là, pâle, abattue, à demi morte ! Que n’est-ce le Cèdre-Rouge que je tiens ainsi sous mon talon ! Patience, son tour viendra, et alors !…

Un sourire sardonique plissa les coins de ses lèvres, et il se pencha sur la jeune fille.

Il souleva doucement sa tête et se prépara à lui faire respirer un flacon qu’il avait sorti de sa ceinture, mais tout à coup il laissa retomber le corps de la Ga-