Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/74

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Ainsi que le lecteur l’a appris déjà, Valentin ne s’était pas trompé. Les Apaches étaient, en effet, arrivés le soir même à peu de distance de la colline, et leurs éclaireurs n’avaient pas tardé à découvrir la trace des blancs.

Selon toute probabilité, un choc terrible était imminent entre les blancs et les Peaux Rouges, ces deux races si distinctes l’une de l’autre, que divise une haine mortelle, et qui ne se rencontrent dans la prairie que pour chercher à s’entre-détruire.

Valentin avait aperçu l’éclaireur apache, lorsque celui-ci était venu reconnaître la colline ; il s’était alors penché à l’oreille du général et lui avait dit avec cet accent railleur qui lui était habituel :

— Eh bien, cher ami, croyez-vous toujours que je me suis trompé ?

— Je n’ai jamais dit cela, s’écria vivement le général ; Dieu m’en garde ! Seulement je vous avoue franchement que j’eusse bien sincèrement désiré que vous vous fussiez trompé. Comme vous le voyez, je n’y mets pas d’amour-propre ; mais, que voulez-vous, je suis comme cela, je préfère me battre contre dix de mes compatriotes que d’avoir affaire à un de ces Indiens maudits.

— Malheureusement, fit en souriant Valentin, en ce moment vous n’avez pas le choix, mon ami.

— C’est vrai, mais soyez tranquille ; quelque ennui que ceci m’occasionne, je saurai faire mon devoir de soldat.

— Eh ! qui en doute, mon cher général ?

— Caspita ! personne, je le sais, mais c’est égal, vous verrez.

— Allons, bonsoir ; tâchez de prendre quelque re-