fit-elle avec un soupir, votre cœur se réjouit en ce moment du malheur de celle que vous devriez défendre.
Le jeune homme rougit.
— Que puis-je faire ? murmura-t-il faiblement.
— Tout, si vous en aviez le ferme désir, s’écria-t-elle avec force.
— Non, répondit Schaw en secouant la tête avec découragement, la personne dont vous parlez est la prisonnière du vieux ; je ne puis lutter contre mon père.
Ellen sourit avec dédain.
— Vous cherchez en vain à me cacher votre pensée que je devine, dit-elle d’une voix rude ; je lis dans votre cœur comme dans un livre ouvert : votre tristesse est feinte ; intérieurement vous vous réjouissez en songeant que désormais vous serez constamment auprès de doña Clara.
— Moi ! s’écria-t-il avec un tressaillement de colère.
— Oui ! vous ne voyez dans sa captivité qu’un moyen de vous rapprocher d’elle ; votre cœur égoïste s’épanouit en secret à cet espoir.
— Vous êtes dure pour moi, ma sœur ; Dieu m’est témoin que si cela m’était possible, je lui rendrais à l’instant la liberté qu’on lui a ravie.
— Vous le pouvez si vous le voulez.
— Non, cela est impossible ; mon père veille avec trop de soin sur sa prisonnière.
— Il ne se méfiera pas de vous et vous laissera librement approcher d’elle.
— Ce que vous me demandez est impossible !
— Parce que vous ne le voulez pas, Schaw ; son-