Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/332

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spirituel, et ne pouvez avoir que de bonnes idées.

Le moine fit la roue à ce compliment à brûle-pourpoint.

— Voici : nous jouerons, si vous voulez, la part qui doit nous revenir dans les lingots d’or que nous allons chercher avec le Cèdre-Rouge.

— Accepté ! s’écria le ranchero avec enthousiasme.

— Eh ! fit le moine en sortant de sa poche un jeu de cartes non moins crasseux que celui de son partenaire, cela nous fera toujours gagner une heure.

— Tiens, vous avez des cartes aussi ! observa le ranchero.

— Oui, et toutes neuves, comme vous voyez.

Andrès s’inclina d’un air convaincu.

— Commençons-nous ?

— Je suis à vos ordres.

La partie s’engagea immédiatement.

Bientôt les deux hommes furent complétement absorbés par les combinaisons du seis de copas, de l’as de bastos, du dos de oro et du cuatro d’espadas.

Le moine, qui n’avait pas besoin de feindre en ce moment, puisqu’il se trouvait en compagnie d’un homme dont il était parfaitement connu, se livrait avec frénésie à sa passion dominante.

Au Mexique et dans toute l’Amérique espagnole, l’Angélus sonne au coucher du soleil ; dans ces contrées où il n’y a pas de crépuscule, la nuit arrive sans transition, si bien que lorsque la cloche a fini de tinter, l’ombre est épaisse.

Au dernier coup de l’Angélus, le jeu cessa comme d’un commun accord entre les deux hommes, qui en même temps jetèrent leurs cartes sur la table.

Bien qu’Andrès Garote fût passé maître en fripon-