Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/105

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paules d’une expression impossible à rendre, dans mon pays…

— Oui, mais vous êtes Français, vous autres !

— C’est vrai ; aussi avez-vous le double du temps que celui qui nous est nécessaire ! Voyons, trêve de raillerie : vous êtes un homme d’une énergie peu commune : vous voulez réellement le bien de votre pays, ne vous laissez pas abattre par le premier revers ; qui sait ? peut-être tout est-il pour le mieux !

— Eh ! mon ami, je suis seul ; le général Ibañez, celui qui pourrait me seconder dans ce moment critique, est à cinquante lieues d’ici ; que puis-je faire ? Rien.

— Tout. J’ai prévu votre objection ; la Plume-d’Aigle, le sachem des Coras, est allé, de ma part, trouver Ibañez ; vous savez avec quelle célérité marchent les Indiens ; dans quelques heures il nous amènera le général, j’en suis convaincu.

Don Miguel regarda le chasseur avec un mélange d’admiration et de respect.

— Vous avez fait cela, mon ami ? lui dit-il en lui prenant chaleureusement la main.

— Pardieu ! répondit gaiement Valentin, j’ai bien fait autre chose encore ; quand l’heure sera venue, je vous le dirai. Mais ne perdons pas de temps ; que comptez-vous faire actuellement ?

— Agir.

— Bien, voilà comme j’aime à vous entendre parler.

— Oui, mais il faut d’abord que je puisse m’entendre avec le général.

— C’est juste ; ceci est la moindre des choses, répondit Valentin en levant les yeux au ciel et consultant attentivement la position des étoiles ; il est huit heu-