Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/106

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res, la Plume-d’Aigle et celui qu’il amène doivent, à minuit, se trouver à l’entrée du Cañon del buitre ; nous avons quatre heures devant nous, c’est plus qu’il ne nous en faut, puisque nous n’avons qu’une dizaine de lieues à franchir.

— Partons ! partons ! s’écria vivement don Miguel.

— Un instant, rien ne nous presse encore ; soyez tranquille, nous arriverons à temps.

Il se tourna alors vers Curumilla et lui dit en langue araucana quelques mots que l’hacendero ne comprit pas.

L’Indien se leva sans répondre et disparut dans l’épaisseur de la forêt.

— Vous savez, reprit Valentin, que j’ai l’habitude, par goût, de voyager toujours à pied ; cependant comme, dans les circonstances présentes, les minutes sont précieuses et que nous ne devons pas les perdre, je me suis muni de deux chevaux.

— Vous pensez à tout, mon ami.

— Oui, quand il s’agit de ceux que j’aime, répondit Valentin avec un soupir rétrospectif.

Il y eut un moment de silence entre les deux hommes.

Au bout d’un quart d’heure à peine, il se fit un bruit dans les broussailles, les branches s’écartèrent et Curumilla rentra dans la clairière.

Il tenait deux chevaux en bride.

Ces nobles bêtes, qui étaient des mustangs presque indomptés, ressemblaient à s’y méprendre aux chevaux des Apaches dont ils foulaient le territoire ; ils étaient littéralement couverts de plumes d’aigle, de perles fausses et de rubans ; de longues taches rouges et blanches, plaquées à la façon persane et chinoise,